Je crois qu’hier, j’ai quitté le Gers et je n’en ai pas parlé, sauf de la pluie. Qu’ai-je retenu d’autre que la pluie???

Ma première impression n’a pas été terrible : des grandes parcelles de céréales et maïs. Le paysage sentait l’agriculture intensive (et la prime PAC)… Bof. Et puis, à partir de vendredi dernier (NDLR : à l’heure où j’écris, nous sommes mercredi), je suis arrivée dans les vergers de pruniers, puis dans les vignes progressivement. Bref, en résumé : dans les chemins du Gers, j’ai écouté pousser l’Armagnac.

J’ai aussi retenu quelques superbes lieux découverts à pieds. Le village de La Romieu restera dans mes coups de cœur. Et Celui de Larressingle, surnommé « la Carcassonne du Gers », ressemble à un décor du Puy du Fou.
A part ça, niveau paysage, c’est assez moche…

Ce que je retiens surtout, c’est la recette des pruneaux à l’Armagnac!!!
Pour faire les pruneaux à l’Armagnac, il faut des pruneaux secs (pas demi-secs) qu’on laisse se réhydrater dans du thé noir froid (surtout pas chaud) pendant 3 à 4 heures. Ensuite, on laisse égoutter les pruneaux pendant 24 à 48 heures, recouverts d’un torchon (propre…).
2 jours plus tard, on verse les pruneaux dans un bocal et on les recouvre aux 2/3 d’Armagnac et on ajoute du sirop de sucre pour le tiers restant (soit on fait son sirop, soit on utilise du sirop de sucre de canne liquide par exemple). On ferme le bocal, qu’on stérilise (pour éviter de perdre « la part des Anges », tant pis pour les anges) et puis on attend…. Longtemps (quelques mois). On attend et on déguste. J’ai goûté, c’est délicieux!

 

 

Je crois que les pruneaux à l’Armagnac, c’est ce que j’ai retenu de mieux du Gers, en fait…
A part ça, aujourd’hui, l’étape était dans les Landes… 18 km à marcher dans les champs de maïs ce matin, ça ne fait rêver personne… Heureusement, je suis passée depuis dans le Béarn. Il y a quand même un « fait marquant de la journée« , en plus du maïs, c’est d’avoir marché avec à l’horizon, la chaîne des Pyrénées et ses sommets enneigés qui se découpent. Vous ne voyez rien sur le photo, ou presque rien, mais ils sont là, à 150 km à pieds. J’ai pris rendez-vous avec les Pyrénées la semaine prochaine! Si tout va bien, Roncesvalles (et le dortoir de 130 lits à l’Abbaye…), c’est pour mardi!!!

Le maïs des Landes et les Pyrénées.

Le maïs des Landes et les Pyrénées.

 

Un passage dans les Landes et puis s'en vont.

Un passage dans les Landes et puis s’en vont.

I’m walking in the rain… Tanana nana na na naaaaaa na na…. Bref : 2 jours que je marche sous la pluie… Et que je n’ai pas du tout envie de chanter…

 

J’avais déjà eu une journée de pluie non-stop, du côté de Decazeville. Là, c’est la version orage. Hier, départ à 8h15 sous l’orage…27 km sous la pluie, presque ininterrompue. Aujourd’hui, 20 km sous les averses orageuses, les pieds dans la boue… Dur dur.

 

A quoi pense-t-on quand on marche sous la pluie???

Les autres, je ne sais pas. Moi, je pense d’abord à l’inventeur du poncho modèle « pélerine » de Quechua, et me demande pourquoi il n’a pas pensé à faire descendre le poncho jusqu’aux chevilles, plutôt que de l’arrêter aux genoux…. En moins d’1 km, on sent déjà le pantalon trempé qui colle aux mollets, puis l’eau qui remonte le long du pantalon par capilarité, à en avoir presque la petite culotte mouillée sous le poncho après 1 heure de marche!!! C’est quand même pas malin!!!

 

Le look "dromadaire" de l'été, dans le Gers.

Le look « dromadaire » de l’été, dans le Gers pluvieux… Les tongs python, c’est pour plus tard!

 

Au bout de quelques kilomètres de plus, je pense à l’inventeur des chaussures waterproof-pas-waterproof sous une pluie verticale continue (mais comment ont-ils testé leurs godasses???). Et je finis par repenser à ce que j’avais lu dans le « Miam miam dodo – Mode d’emploi de Compostelle » : la bonne nouvelle, c’est que l’eau se réchauffe au contact du pied. Je confirme… ?

Au bout de plusieurs heures sous la pluie, la première fois, j’ai même vu mes chaussures mousser?!?! La mousse sortait des trous d’aération. Mais qu’est-ce qu’ils-y-mettent, dans les chaussures?!?!

 

Ce que je préfère, les jours de pluie, c’est d’abord quand on commence à voir le ciel ce dégager à l’horizon : on a l’impression qu’un second matin se lève dans la journée. C’est une deuxième aube. Et juste après, on voit les collines et la nature qui respirent et soupirent, quand des gros nuages de vapeur se décrochent de la végétation pour rejoindre le ciel. C’est magnifique, comme le retour de la lumière dans un soupir de soulagement.

La campagne autour de Decazeville après la pluie.

La campagne autour de Decazeville après la pluie.

 

 

Ironie du sort : hier, après le départ, au Pont d’Artigues, j’ai été rejoint par un chien perdu sur le Chemin. J’ai d’abord essayé de faire en sorte qu’il ne me suive pas trop longtemps, pensant qu’il valait mieux qu’il ne s’éloigne pas trop loin de chez lui… Et puis sous la pluie, avec tout l’attirail… J’ai laissé tomber. Le chien m’a suivi.

Quand la pluie a diminué, j’ai essayé d’appeler les numéros de téléphone gravés sur son collier. J’ai retrouvé sa maîtresse, et j’ai appris que le chien était une chienne prénommée « Happy »!!!… Un jour de pluie : quelle ironie! Happy m’a accompagnée pendant 10 km, jusqu’au prochain village, Montréal du Gers, où sa maîtresse est venue la rechercher. Et moi, j’ai pris un café et une longue pause avant de repartir… Sous la pluie…

"Le chemin est beau parce que j'y suis".

Le chemin est beau parce que j’y suis.