… This is just the beginning… C’est ce qu’on lit ici, au Cap Finisterre, un peu partout.

Hier, je suis arrivée à la fin de la terre, au bout, au kilomètre 0. Et j’étais contente d’arriver. Les 90 derniers kilomètres m’avaient paru longs, toute seule. L’ambiance est aussi très différente de celle du chemin : pendant 3 ou 4 jours, les réveils du matin sont plus tardifs dans les dortoirs, les couchers aussi, la fatigue et la fête se font sentir de plus en plus. Et pour aller jusqu’au phare, à Finisterre, je m’attendais à un petit coin sauvage, et je suis tombée sur un lieu touristique, qu’on rejoint en longeant une route asphaltée. Une fois sur place, on retrouve la trace des pèlerins : des foyers éteints, des chaussures, des mots, des pierres.

Qu’importe les touristes et l’interdiction d’allumer des feux, 2 autres pèlerins, arrivés là avec leurs sacs et quelques brindilles, ont réussi à rallumer un feu, pour y laisser brûler qui d’un tee-shirt ou d’un foulard. Moi, j’ai enlevé mes chaussettes. J’en ai laissé une brûler dans les flammes. J’allais garder l’autre chaussette, et puis… À quoi bon garder une paire de chaussette unijambiste…

S’il y a une chose que j’ai apprise, sur ce chemin, c’est à laisser derrière moi des objets chargés du passé. C’est très bizarre, cette sensation d’abandonner quelque part où on ne reviendra pas (ou pas tout de suite), quelque chose qu’on a vu souvent dans sa vie (un caillou, un ruban, une chaussette). On laisse derrière soi ce quelque chose et en le quittant, on a la pleine conscience de laisser, d’abandonner tout ce qu’il contient ou tout ce qu’on y a mis. Alors ma deuxième chaussette, je l’ai laissée là-bas, calée sous une pierre ramassée au cap. J’ai laissé, avec elle, toutes les douleurs des ampoules et de mon orteil en souffrance.

 

Le kilomètre 0,00.

Au kilomètre 0,00.

 

 

Demain, je quitterai Finisterre. En même temps, je quitterai le Chemin de Saint-Jacques, pour quelques jours de repos avant de rentrer à Paris.

 

De retour chez moi, j’écrirai encore sur ce blog deux ou trois posts, pour partager ce que j’ai retenu et appris, et faire un petit bilan de mes chemins sur la Via Podiensis et le Camino Francès. Et aussi partager quelques photos et quelques anecdotes, peut-être, avec elles.

 

Au plaisir et pour la suite : this is not the end, this is just the beginning!

 

Quand j’ai vu la mer cet après-midi, au loin, alors que j’attaquais la descente de la journée après 15 km sans un village ni âme qui vive, le tout sous un soleil de plomb, j’avoue que mon premier réflexe a été de dire « enfin, la voilà! ».

Parce que désormais, j’ai hâte d’y arriver, au bout de la terre, de brûler une de mes paires de chaussettes (j’ai décidé de garder le short : même en décomposition, il peut toujours servir jusque Paris…), de profiter de la plage, et surtout, surtout, de me balader en tongs (dorées et imprimées python, pour ceux qui ne suivent pas ;b)) et d’enlever ces satanées chaussures de mes pieds qui restent douloureux!

 

Tout ça, c’est pour demain matin : je suis à « kilomètre 0,000 » moins 14,857…